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Les chocolats du milliardaire

 

Comédie théâtrale en 3 actes de Yvon Taburet

10 Personnages si les rôles d'Henri et de l'oncle sont tenus par le même acteur : 4 Hommes, 6 Femmes ou 3 hommes, 7 femmes. - Figurants

11 Personnages si les rôles d'Henri et de l'oncle sont différentiés : 5 Hommes, 6 Femmes ou 4 hommes, 7 femmes. - Figurants

Décor : Une salle de ferme.

Durée : 90 minutes (74 pages)

Résumé : Henri vit de puis trente ans entouré de l’affection de ses trois tantes adoptives : Antoinette, Jeanne et Thérèse. Dans ce milieu rural, la vie s’écoule doucement, sans autres histoires que celles du quotidien. Une arrivée inattendue va perturber cette harmonie : une détective perspicace vient révéler à Henri qu’il se prénomme Charles-Edouard et qu’il est l’héritier d’une immense fortune, celle de la famille Maillard, chocolatiers richissimes. C’est l’oncle Ferdinand Maillard en personne qui viendra chercher ce neveu si ressemblant (les deux rôles seront tenus par le même acteur). Pour accompagner Ferdinand, Félix, le garde du corps toujours à l’affût, et Rebecca, l’ambitieuse secrétaire qui n’a qu’une seule idée en tête : séduire Henri afin de s’accaparer sa fortune. Face à ces tentatives de séduction, Laura, la future promise d’Henri, ne tarde pas à démontrer que sans être la reine du chocolat, elle aussi peut faire de la mousse.

Lire un extrait

 

 

 

 

 

 

Extraits

 

Antoinette : Oui Tata, oui Tata! A chaque fois il me dit ça, ce grand benêt, ça ne l’empêche pas de recommencer. Je ne comprends d’ailleurs pas ce qu’elles lui trouvent à cet asticot, ce ne sont pourtant pas sa beauté ni son intelligence qui le rendent éblouissant, mais le fait est qu’elles viennent toutes lui tourner autour, pire que des mouches sur un tas de fumier, et quand je lui dis que ça me fait de la contrariété tout ce va et vient, la seule chose qu’il trouve à dire c’est «oui Tata» j’ai pas raison?

Henri : Oui Tata.

Antoinette : Tiens, qu’est ce que je disais! Allez fiche le camp, mauvaise graine!

Henri : Ah! Çà, ce n’est pas gentil Tata.

Antoinette : Mais quoi donc encore?

Henri : Me traiter de mauvaise graine, ce n’est pas parce que je suis un enfant trouvé que ceux qui m’ont semé étaient de mauvaises gens.

Antoinette : Te voilà encore à jouer sur les mots. Ah! Pour ça t’es fort! Plus fort que devant le boulot, tiens tu ferais mieux d’y aller plutôt que de bavasser.

Henri : J’allais y aller Tata mais c’est toi qui …

Antoinette : Et ça veut encore avoir raison, file que j’te dis!

Henri : Oui Tata!

(Il s’apprête à sortir. )

Antoinette : Et ta casquette, tête en l’air avec la chaleur qu’il fait, si tu attrapes un coup sur la tête! T’es déjà assez dérangé comme ça et puis tu serais encore capable d’attraper du mal, au prix où sont les médicaments, merci bien.

Henri(s’exécute) Oui Tata. (Il s’apprête à sortir. Arrivée de tante Jeanne et de Tante Thérèse) Bonjour Tante Jeanne! Bonjour Tante Thérèse! Vous allez bien à c’tte heure?

(Ils s’embrassent.)

Antoinette : Henri! ne traîne pas, accélère donc un peu.

Jeanne : Allons Antoinette! Dis le lui sans crier! Mon enfant, sache que plus tu avances doucement et moins tu arriveras vite, alors si tu ne veux pas être en retard, suis donc les conseils d’Antoinette et dépêche-toi.

Thérèse : Cessez donc de le presser ainsi ce pauvre petit ! Vous êtes toujours en train de le harceler! Henri, souviens-toi que trop de précipitations ne font que grosses rivières; alors ne les écoute pas, laisse couler et prends ton temps.

Antoinette : Ah! Thérèse ne commence pas! En voilà déjà un qui à plus de mal à redémarrer qu’à s’arrêter, tu sais pourtant bien comment il est, doucement le matin et lentement le soir, et toi tu voudrais continuer à l’encourager dans sa paresse? Alors là! Bravo l’éducation!

Henri : Bon… ben Tata, moi j’y vais.

Antoinette : C’est ça et bon vent!

Henri : Tata!

Antoinette : File que je te dis!

Henri : Qu’est ce que tu dirais si je me mariais?

(Il sort.)

Antoinette : Ce garçon m’étonnera toujours.

Jeanne : Tu sais Antoinette, au jour d’aujourd’hui, il ne faut s’étonner de rien.

Thérèse : Tu as bien raison Jeanne, parce que comme on dit, si tu ne t’étonnes pas de rien, tu t’étonneras jamais de tout.

Antoinette : Non mais vous l’avez entendu? Voilà qu’il veut se marier à présent!

Jeanne : Et pourquoi pas? Mariage d’amour ou mariage de raison…

Thérèse : Dans tous les cas font les bons garçons.

Antoinette : Vous rigolez! Mon Henri, il n’est pas plus mûr que les pommes à cette saison, vous le voyez se mettre en ménage?

Jeanne : Qui sait? Les surprises sont toujours inattendues.

Thérèse : Sinon ce ne serait plus des surprises.

Jeanne: Tu sais Antoinette, il faut le comprendre. Si ça commence à le grattouiller, cela n’a rien d’étonnant. Un garçon sans femme c’est comme une voiture sans frein.

Thérèse: Mais il vaut mieux parfois se passer de voiture si on ne veut pas finir dans le fossé… Moi je préfère voyager seule plutôt qu’être accompagnée d’un mauvais co-pilote.

Jeanne: Thérèse, à chacun ses opinions! Pour en revenir à Henri, et bien moi, je le verrais bien marié. Comme on dit: «l’Amour est aveugle mais le mariage lui rend la vue.»

Thérèse: Hum! N’oublie pas que «Qui se marie par amour a de bonnes nuits mais parfois de mauvais jours.»

 

Antoinette : Je me demande bien qui ça peut être… Comment savoir? Avec lui on ne sait jamais quand il blague ou quand il est sérieux… Se marier! Je vous demande un peu… Si encore je savais avec qui… Il change bientôt plus souvent de copines que de chaussettes.

Jeanne : Justement Antoinette… dis-toi que si un jour il trouve chaussure à son pied…

Thérèse : Ses chaussettes seront sûrement plus propres.

Jeanne : Quand un homme devient soigneux…

Thérèse : C’est signe qu’il tombe amoureux.

Antoinette : Dites donc vous deux, vous m’avez l’air d’en connaître un rayon sur les bonshommes, de la part de deux vieilles filles comme vous, c’est plutôt étonnant.

Jeanne : Et pourquoi donc? Antoinette, sache qu’on voit mieux de loin les détails qui échappent à ceux qui sont tout près.

Thérèse : Jeanne a raison, pour avoir un vrai regard sur un homme, il vaut mieux parfois être presbyte.

Antoinette : Presbyte! Qu’est ce qu’il ne faut pas entendre!

Jeanne : Ce ne sont pas ceux qui ont les plus grandes oreilles qui entendent le mieux.

Thérèse : Néanmoins Jeanne, reconnais qu’il faut certainement de l’écoute pour entendre.

Jeanne : Encore faut-il ne pas être sourde comme un vieux pot ou comme …certaine personne. N’est ce pas Thérèse?

Thérèse : C’est pour moi que tu dis cela? Tu te trompes complètement ma chère, je te l’assure Jeanne, pas plus tard qu’hier encore, j’ouïs sans difficulté.

Antoinette : Quoi? Mais qu’est ce que tu racontes?

Jeanne : Tu n’entends pas? Je disais à Thérèse: «j’ouïs»

Antoinette : «jouis, jouis» Mais tu ne penses donc qu’à ça? Pas mieux que le Henri, ça ne pense qu’au plaisir.

Jeanne : Qui te parle de plaisir? C’est ainsi, il faut l’accepter, hier j’ouïs, aujourd’hui j’ois. J’ois un peu moins chaque jour, mais j’ois.

Antoinette: Tu ferais bien de la calmer ta joie! Parce qu’à force de débloquer comme ça, toi tu vas finir à l’hôpital.