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Le coupable est dans la salle
Comédie théâtrale policière en 2 actes de Yvon Taburet.
10 Personnages (4 Hommes, 6 Femmes) Figurants ou 11 personnages (5 Hommes, 6 Femmes) : les rôles de l'amant et du vigile ou de l'adjoint peuvent être tenus par le même acteur.
Décor : Un salon bourgeois.
Durée : 85 minutes (72 pages)
Résumé : Le rideau se lève, la pièce commence comme un vaudeville : le mari, la femme, l’amant et l’inévitable placard. Tous les ingrédients du genre semblent réunis, mais les spectateurs ne vont pas assister à une représentation comme les autres ; cette fois l’amant, que le mari a découvert dans le placard, s’écroule dès son apparition sur scène. L’acteur ne se relève pas, il est réellement décédé. Panique sur le plateau. Y a-t-il un médecin dans la salle ? Faut-il faire évacuer ? Doit-on laisser le rideau ouvert en attendant l’arrivée de la police ? Les avis divergent, la tension monte… La thèse de l’accident étant très vite écartée, il faut se rendre à l’évidence, il s’agit bien d’un meurtre. Qui a bien pu le commettre ? Pour quelles raisons, et surtout de quelle manière, le ou la coupable a-t-il ou a-t-elle procédé ? La police, dépêchée sur les lieux, mène l’enquête. Des spectateurs à la maquilleuse, du metteur en scène aux acteurs, tout le monde est considéré comme suspect, pour l’inspecteur, une seule certitude : le coupable est dans la salle.
Extrait
Le mari: (plus fort) Allez! Levez vous mon vieux, débarrassez moi le plancher.
(Devant l’absence de réaction, commence à donner des petits coups avec la pointe de sa chaussure.)
Oh allez! Psst! Raoul lève-toi!
(Devant l’absence de réaction, le mari se penche, il retourne le corps, porte son oreille au niveau du cœur.)
Le mari: Nom de Dieu! Il est mort.
La femme: Qu’est-ce que tu dis?
Le mari: Il ne respire plus, je t’assure, il est vraiment mort. (Criant vers les coulisses) Jacqueline!
La femme: Ce n’est pas possible! (Elle se penche à son tour pour constater le décès.)
Raoul! Raoul! Tu m’entends? Mais ce n’est pas vrai! Raoul!
(Entrée de Jacqueline, le metteur en scène)
Jacqueline: Qu’est-ce qui se passe?
La femme: Il est mort.
Jacqueline: Comment ça? Il est mort.
Le mari: Il est mort on te dit! T’es sourde ou quoi? Devant nous en direct, il vient de nous faire ça!
Jacqueline: Mais enfin! On ne meurt pas comme ça! Cela ne se fait pas.
Le mari: Et ben si! Lui, il ne s’est pas gêné, il l’a fait!
La femme: C’est affreux!
Jacqueline: Affreux ou pas, il nous faut réagir.
Le mari: Ouais, t’as raison... Rideau! Bon Dieu! Fermez moi ce rideau!
Jacqueline: (au public) S’il vous plaît! Y a t il un médecin dans la salle?
(Dans la salle, pendant que le rideau se ferme)
Le médecin: Oui, j’arrive.
(Il monte sur scène, le reste de la conversation se déroule rideau fermé. )
Voix du médecin: Pas de doute, il est vraiment mort. Était-il malade du cœur?
Voix de Jacqueline: Raoul? Pas du tout, il avait un cœur de jeune homme.
Le médecin: C’est tout de même rare de faire des crises aussi foudroyantes… Depuis que j’exerce, c’est la première fois que je constate une telle rapidité…C’est curieux…Enfin… l’autopsie nous en apprendra un peu plus sur les circonstances...
La femme: L’autopsie?
Le médecin: Faites prévenir une ambulance et la police.
Jacqueline: La police, et pourquoi donc?
Le médecin: Il est décédé dans un endroit public, c’est la procédure habituelle… Et puis je ne vous cache pas que je trouve sa mort suspecte
Le mari: C’est vrai… Lorsque j’ai ouvert le placard, il n’est pas tombé comme d’habitude... Sur le coup, je n’ai pas fait attention mais maintenant que j’y pense...
La femme: Bon! Jacqueline, qu’est-ce qu’on fait Le public s’impatiente, on fait évacuer la salle tout de suite ou tu fais une annonce?
Jacqueline: Ah! Ne me presse pas Josy, tu sais bien que j’ai horreur de ça!
Le mari: Il n’empêche que Josy a raison. Tu ne vas pas faire poireauter les gens pendant des plombes. Alors, tu fais ton annonce et on évacue!
Jacqueline: Pas d’affolement les enfants… Moi aussi, je suis comme le toubib… Je trouve ça bizarre, la mort subite de Raoul…Alors personne ne bougera avant l’arrivée de la police.
Josy(la femme): Mais enfin! Ils vont s’impatienter… Tu n’as pas peur que certains s’énervent?
Jacqueline: Pourquoi veux-tu qu’ils s’énervent? Crois moi, ils ne sont pas pressés. Ils ont réservé leur soirée pour venir nous voir, alors tant qu’à faire, autant qu’ils restent. Pour les faire patienter, on va ouvrir. Vas-y Paulo! Ouvre le rideau!
Voix du machiniste en coulisse: Mettez-vous d’accord! Faudrait savoir!
(Le rideau s’ouvre)
Jacqueline(au public): Eh bien, Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs, vous avez tous entendu le docteur… Vous en savez donc autant que nous. Je vous propose d’attendre en notre compagnie l’arrivée de la police.
Le médecin: Au fait quelqu’un l’a prévenue?
Jacqueline: Ah ben non ...
Le médecin: (se dirigeant vers le téléphone qui est sur scène, il s’en empare.) Je téléphone tout de suite.
Le mari: (Antoine) Si vous obtenez une communication avec cet accessoire, je vous paie des prunes.
Le médecin: Ah oui ! C’est vrai.
Le mari: Suivez-moi en coulisse, je vais vous passer mon portable.
(Arrivée de Nicole (la soubrette) et de Bernadette, pendant ce temps, sortie du mari et du médecin)
Nicole: Alors? Qu’est ce qu’il se passe ici ? C’est vrai qu’il est ...?
Jacqueline: Ah c’est vous les filles... Eh oui, ce pauvre Raoul est mort.
Bernadette: Mais ce n’est pas possible! C’est dingue!
Josy(la femme): Ben oui ma vieille! Moi aussi ça me coupe les jambes. (Elle s’assied, remarquant la bouteille de porto) Tiens! Ça va me requinquer… Vous parlez d’une histoire! (Elle s’apprête à boire.)
Nicole: Josy, ne bois pas!
Josy: Oh ça va! Tu n’es pas ma mère!
Nicole: Ne bois pas je te dis!
Josy: Et pourquoi donc? Un petit remontant ne peut pas me faire de mal.
Nicole: Et s’il était empoisonné?
Josy: Empoisonné? Quelle drôle d’idée! (Elle repose néanmoins son verre en le regardant maintenant avec suspicion.)
Bernadette: (désignant Raoul) Et lui? Faudrait peut-être s’en occuper et puis fermer le rideau, parce que là, pour le coup, ça ne fait pas riche. (S’adressant au public) Excusez-nous, hein! Nous ne sommes pas habitués, c’est la première fois que cela nous arrive. Jacqueline, il faut fermer.
Jacqueline: On ne touche à rien avant l’arrivée de la police… Quant au rideau, il est très bien comme ça. (Désignant le public) Ces gens peuvent être considérés comme témoins… Leurs témoignages peuvent faire évoluer l’enquête, donc on ne touche à rien.
Bernadette: Sois franche pour une fois! Dis plutôt que ça te ferait suer d’être obligée de rembourser toutes les places. Avec notre situation financière délicate et tes dettes accumulées, tu te retrouverais dans de beaux draps.
Jacqueline: Je m’en contrefiche de tes considérations matérielles, non... Vois tu, je pense à mon public, moi!… Nous avons la chance de lui offrir un spectacle unique, totalement improvisé et interactif et toi, tu voudrais l’en priver! Tu n’es qu’une petite fonctionnaire théâtreuse, dès que tu perds la réplique, te voilà incapable de retomber sur tes pieds. Tu crains de ne pas être à la hauteur? L’absence de texte t’angoisse? Mais retourne en coulisse ma p’tite si tu ne veux pas affronter les feux de la rampe, vas-y! Personne ne te retient, seul le public jugera.
Bernadette : Mais t’es complètement disjonctée! Tu ne te rends pas compte de la situation? Il y a un mort... Un vrai mort qui n’est pas prêt de se relever et toi, tu veux faire un spectacle avec? Mais, ça ne va pas le bocal?