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Grand-mère est amoureuse

Comédie théâtrale en 3 actes de Yvon Taburet.

10 Personnages (4 Hommes, 6 Femmes) Figurants

Décor : Un salon, une porte d’entrée, deux autres portes menant l’une à un bureau, l’autre vers les chambres et la cuisine. un élément indispensable: un canapé.

Durée : 90 minutes (80 pages)

Résumé : Nicole Legrand n’en revient pas ! Que sa fille Marion puisse avoir un copain, elle le comprend aisément, mais que sa mère lui annonce la même chose ! La pilule est plus dure à avaler. Lorsque mamie lui révèle qu’elle a, pour fêter l’événement, invité son "fiancé" et la famille de celui-ci, alors c’en est trop ! Malgré leurs réticences, Nicole et Jean-Michel son mari verront arriver Gaston, le fiancé, vieux motard, poète original ; Jacqueline la veuve au franc-parler ; Gérard le fils de Gaston et Tatiana son épouse russe. Ces joyeux drilles toujours prêts à s’amuser ou à blaguer à toute heure du jour ou de la nuit vont rapidement exaspérer Nicole, abasourdie par tant de vitalité. Pour couronner le tout, à la suite d’un quiproquo malheureux provoqué par Mlle Paumier, la commère de l’immeuble, Nicole s’imaginera que Fred, l’ami de sa fille, est lui aussi amoureux de mamie. Comme le lui dit Jean-Michel : "Ta mère, ce n’est plus une mamie, c’est une bombe à retardement." Du rire assuré mais aussi de la tendresse et de l’optimisme dans cette comédie familiale qui propose un regard inhabituel sur le troisième âge.

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Extrait

 

( Arrivée d’un motard qui rentre, un casque intégral sur la tête. Tous restent stupéfaits. Le motard se dirige vers Marion et lui demande par signes de l’aider à enlever son casque. Marion s’exécute pour aider… Mamie)

Mamie: Ouf! Il était temps! Vous savez qu’on crève de chaud là dessous.

Tous: Mamie!

Mamie: Bonjour mes enfants! Vous allez bien?

Nicole: Mais que fais-tu avec ça?

Mamie: Comment ça? Tu ne le sais pas? Le port du casque est obligatoire lorsqu’on fait de la moto.

Marion: Tu as fait de la moto, Mamie? C’est génial!

Mamie: Je ne te le fais pas dire ma petite fille. Génial!

Nicole: Alors là! C’est le bouquet! Après «Mamie surfe sur le web» voilà maintenant «Mamie fait de la moto»! Et demain ce sera quoi? «Mamie fait du saut à l’élastique?»

Mamie: Du saut à l’élastique? Quelle bonne idée! Il faudra que j’y réfléchisse… Je vais déjà m’habituer à la moto après, on verra… Tu sais, Nicole, tu devrais essayer. Je suis sûre que tu apprécierais ce genre de sensations fortes.

Nicole: Maman, pour ce qui est des sensations fortes, vois-tu, en ce moment, j’ai ma dose. Je crois même avoir légèrement dépassée mon quota… Non… Au contraire, ce que j’aimerais plutôt, c’est pouvoir me calmer, me relaxer, être zen, tu comprends? Mais pour cela, il faudrait que je sois un tantinet réconfortée par mon entourage… Il faudrait, par exemple que j’apprenne que ma mère renonce à certaines … Extravagances et surtout qu’elle cesse de fréquenter n’importe qui!

Mamie: Ah bon! Tu es au courant? Ca tombe bien, j’allais vous en parler.

Nicole: Mais bien sûr! Et au lieu de cela, on l’apprend par la bouche de Mademoiselle Paumier. Tu parles si c’est agréable!

Mamie: Mademoiselle Paumier? Cette vieille bique! Ça ne m’étonne pas d’elle, toujours à espionner le monde.

Jean-michel: Si je peux me permettre, Jolie-Maman, cette vieille bique, comme vous dites, a tout de même au moins dix ans de moins que vous.

Nicole: On s’en fiche! Elle, au moins, ne s’amuse pas à faire du trampoline dans la cage d’escalier et surtout elle ne cherche pas à s’acoquiner avec le premier coureur venu.

Mamie: Nicole, écoute-moi! Si tu cherches à être désagréable, tu perds ton temps. Tes remarques ne me feront pas plus d’effet que de l’eau sur les plumes d’un canard, quant à mes fréquentations, il va falloir t’habituer, ma fille, car vois-tu, je n’ai certainement pas envie de les changer, bien au contraire.

Nicole: Mais Maman! Tu ne peux tout de même pas fréquenter n’importe qui.

Mamie: Justement! Ce n’est pas n’importe qui…Nicole, tu devrais te réjouir, ta vieille mère neurasthénique qui se morfondait à longueur de journée, a enfin trouvé la lumière.

Nicole: Tu parles si tu as trouvé la lumière! A mon avis, tu as dû resté branchée trop longtemps parce que tu m’as l’air vraiment illuminée.

Marion: Dis-moi, Mamie! Est-il gentil avec toi?

Mamie: Adorable! Mais ne vous en faites pas, vous allez bientôt pouvoir juger de vous même.

Nicole: Ça! Ça m’étonnerait! Ce type n’est pas prêt de mettre les pieds ici….

Mamie: Non? Tu crois? Je ne pensais pas vous le présenter si vite, mais si tu le prends comme ça… (Elle ouvre la porte et appelle.) Gaston? Peux-tu venir un instant?

(Entrée de Gaston, en tenue de motard, le casque sous le bras. Tout en disant sa réplique, il exécutera un large cercle avant de s’arrêter, un genou à terre devant Mamie.)

Gaston: Me voilà! Me voilà! Je viens, je cours, je vole! Plus rapide que l’éclair, plus vif que le vent, je viens déposer à vos genoux l’offrande de mon Amour. Madame, je suis votre serviteur. De grâce, prenez mon cœur, il ne bat que pour vous.

Mamie: Ah! Mon doux chevalier, j’accepte votre présent.

Gaston: Gente dame, je vous offre mon présent mais aussi mon futur.

Mamie: Que c’est beau! Mon Gastounet tu es un véritable poète.

Gaston: Tes yeux de braises attisent ma flamme

Dans ta fournaise mon âme se damne

Mamie: Ah! que j’aime tes déclarations enflammées. (à Nicole, Jean-michel et Marion) N’est ce pas qu’il est craquant?

Jean-michel: Il n’y a pas de doute, ce monsieur m’a l’air d’être un vrai pyromane.

Nicole: Et bien, le pyromane, il va aller mettre le feu ailleurs avant que j’appelle les pompiers. Allez! Relevez-vous! Cela suffit comme ça!

(Elle le tire par le bras pendant qu’il cherche à se relever péniblement.)

Gaston: Aie! Saloperie d’arthrose! Merci ma petite, vous êtes bien aimable.

Mamie: Gaston, je vous présente ma fille Nicole.

Gaston: Nicole! Votre mère m’a tellement parlé de vous! Enchanté de faire votre connaissance.

Nicole: (reprenant sa brosse et une chaussure) Sachez que ce n’est pas réciproque.

Gaston: Dois-je percevoir une légère animosité à mon égard?

Nicole: Percevez Monsieur, percevez.

Jean-michel: Voyons Nicole!

Nicole: Toi, ne te mêle pas de ça!

Mamie: (à Gaston) Ne te formalise surtout pas, Gaston. Si tu veux mon avis, ne cède pas à la provocation.

Gaston: Vos désirs sont des ordres, Madame.

Nicole: Et vous, vos désirs font désordre, Monsieur.

Gaston: Pardon?

Nicole: Et en plus il est sourd! Je dis: «vos désirs font désordre» vous entendez? Non mais! A t’on idée de chercher à séduire des personnes âgées!

Gaston: Des personnes âgées dites-vous? Mais de qui parlez-vous? ( l’air faussement innocent) Personnellement je ne vois pas de… personnes âgées. Je ne vois que des germes d’amours à peine éclos, je ne vois que des jeunes pousses et des tendres semis, je ne vois que la jeunesse du cœur et la fraîcheur du désir. Où donc voyez-vous des personnes âgées?

Nicole: Et en plus, il se fiche de moi! Allez ! S’il vous plait Monsieur, restons en là!

Gaston: Loin de moi l’idée de vouloir vous offenser Madame. Si j’ai pu vous déplaire, veuillez me pardonner.

Nicole: Enfin Monsieur! Comprenez moi! Vous arrivez sans prévenir en faisant des grandes déclarations ahurissantes et vous voudriez que je vous tende les bras? Avouez tout de même que ce ne sont pas des façons!

Gaston : C’est vrai… Je l’avoue, la passion nous emporte… Nous devrions, il est vrai, respecter un peu plus les usages… D’autant que Madeleine ne m’avait pas dit que vous étiez à ce point attachée aux traditions… Et bien, soit! Respectons les! C’est donc en toute solennité, Madame que j’ai l’honneur de vous demander la main de votre mère.

Nicole: Attendez… On pourrait peut-être prendre le temps…

Mamie: Prendre le temps ? Ma petite chérie, nous avons déjà suffisamment réfléchi… Et puis tu sais, à notre age si nous commençons à prendre le temps, c’est le temps qui risque de nous prendre.

Nicole : Maman on ne prend pas une décision pareille à la légère. Je t’en prie sois raisonnable.