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Ma femme est tombée sur la tête

 

Comédie en 3 actes de Taburet Yvon

8 Personnages (4 Hommes, 4 Femmes) ou (3 Hommes, 5 Femmes) car le rôle de Mme Chombier peut-être masculinisé.

Il existe aussi une version 5 femmes 4 hommes (merci de me préciser la version demandée)

Décor : Un salon

Durée : 90 minutes

Résumé : Après une chute dans l'escalier, lorsqu’Estelle revient de l’hôpital, son entourage constate qu'en plus d'être amnésique au point de ne plus reconnaitre ni son mari, ni sa sœur et
son beau-frère, elle est atteinte de bizarreries qui la poussent à faire n'importe quoi, y compris dans le quartier en s'en prenant particulièrement à Mme Chombier, une voisine acariâtre.
Débarquent alors de vieilles connaissances qui souhaitent elles aussi s’associer à la famille afin d’aider Estelle à retrouver la mémoire mais qui sont réellement ces vieux amis et sont-ils
aussi bienveillants qu'ils le prétendent?
Une comédie explosive où foldinguerie et suspens s'entremêlent pour le plus grand plaisir descomédiens et du public.

 

Lire un extrait

 

 

 

 

 

 

Extraits

 

ACTE 2
Sur scène, Thierry. Il est au téléphone
THIERRY- Allo ! Monsieur Dupont-Morier ? Oui... Je vous disais qu’Estelle ne pourra pas se rendre à la rédaction. Elle sort tout juste de l’hôpital et... Comment ? Elle devait vous rendre un
article important ? Si elle peut vous l’envoyer ? Monsieur Dupont-Morier, vous n’avez pas l’air de bien comprendre... Je vous ai expliqué que mon épouse est devenue amnésique... Elle ne se
rappelle déjà plus de son nom alors vous pensez bien que votre article, à cette heure-ci, elle ne s’en soucie guère... Comment cela ? Ça allait être le scoop de l’année ? Mais je m’en
contre-fiche de votre scoop ! Qu’est-ce que vous dites ? Que je regarde dans l’ordinateur d’Estelle ? Certainement pas ! Ecoutez ! Le journalisme, c’est bien beau mais vous feriez mieux
de vous soucier un peu plus de la santé de vos collaborateurs. (Il raccroche, furieux. ) Quel con, ce directeur !

Venant de côté Jardin, Sophie.
SOPHIE- Te voilà bien énervé, que se passe-t-il ?
THIERRY- C’est à cause de Dupont-Morier, le patron du journal où travaille Estelle... Ce type a le Q.I d’une crevette. Il ne comprend pas qu’Estelle a besoin de repos. Il n’a pas arrêté de me
bassiner avec un soi-disant article explosif qu’elle devait lui rendre.
SOPHIE- Quel en était le sujet.
THIERRY- Je n’en sais foutre rien, tu sais, nous avons une règle, ne jamais parler de boulotà la maison alors comme je le disais à l’instant, à cet abruti du Neandertal, le fameux scoop, il
pourra bien attendre le rétablissement de ma chère et tendre... Et toi, Sophie, comment vas-tu ce matin ? As-tu bien dormi ?
SOPHIE- Je te mentirais si je te disais oui. Je n’ai pas arrêté de penser à Estelle. Alors ? Comment va-t-elle ?
THIERRY- J’espère qu’elle va bien... Je m’apprêtais à aller prendre de ses nouvelles
SOPHIE- A-t-elle passé une bonne nuit ? Elle n’était pas trop agitée ?
THIERRY- Ca, je n’en sais rien.
SOPHIE- Comment cela ?
THIERRY- Figure-toi qu’elle a refusé de dormir avec moi. Lorsque je suis rentré dans la chambre, elle ne s’était pas encore assoupie et m’a demandé ce que je venais y faire. Quand je le
lui ai expliqué, elle m’a répondu qu’elle n’avait pas envie de coucher avec le premier venu, elle m'a dit qu’il ne fallait pas la prendre pour une fille facile et elle m’a prié de sortir.

SOPHIE- Mon pauvre Thierry !
THIERRY- Si on m’avait dit un jour que ma chère épouse me chasserait de la chambre comme un vulgaire gigolo, je ne sais pas si je l’aurais cru.
SOPHIE- Au moins te voilà rassuré sur ce point. Estelle est une épouse vertueuse.
THIERRY- Tu as raison, il vaut mieux positiver.
SOPHIE- Je suis sûre qu’avec un peu de temps, elle va retrouver la mémoire. En tous cas, les comptines que je lui ai fredonnées lui semblaient familières. Qu’elle retrouve déjà sa mémoire
ancienne, ce sera un premier pas, et nous pourrons espérer que sa mémoire immédiate revienne elle aussi.
THIERRY- Puisses-tu dire vrai.

On sonne à la porte.
SOPHIE- Bouge pas ! J’y vais !
Elle ouvre la porte d’entrée. Arrivée de Mme Planchu.
Mme PLANCHU- Bonjour, bonjour !
THIERRY- Bonjour Madame Planchu. Que faites-vous ici ? Je vous avais dit que ce n’était pas la peine de venir, nous allons pouvoir nous débrouiller...
Mme PLANCHU- Qu’est-ce que vous me racontez !
THIERRY- Voyez-vous, d’habitude, c’est mon épouse qui vous donne les directives, moi, je ne vais pas trop savoir...
Mme PLANCHU- Ne vous faites pas de mouron Monsieur Thierry, vous avez autre choseà faire que de vous occuper de l’intendance, alors faites-moi confiance et laissez-moi faire.
THIERRY- Mais je ne peux pas vous imposer la présence d’Estelle, vous avez bien vu hier qu’elle n’était pas dans son état normal et...
Mme PLANCHU- Et alors ? Vous croyez que c’est en pleine tempête qu’on quitte le bateau ? Il n’y a que les rats qui quittent le navire. Vous trouvez que j’ai une tête de rat ?
THIERRY- Non, évidement Madame Planchu.
Mme PLANCHU- Depuis le temps que je travaille chez vous, j’ai bien vu que Madame Estelle était une bonne personne. Vous pensez que, parce qu’elle a perdu la boule, je vais la laisser
tomber ? Alors là, vous me connaissez mal. Tenez, voilà le ticket de caisse, j’ai fait les courses. Ce midi, ce sera poulet frites, parce que, pour être en bonne santé, il y a intérêt à bien manger, pas vrai ?
THIERRY- Ah ! Mme Planchu, vous êtes une mère pour nous.
Mme PLANCHU- Une mère ? Pourquoi pas une grand-mère pendant que vous y êtes ! Mais, assez bavassé, le travail ne va pas se faire tout seul, je vais en cuisine. A tout à l’heure !

Elle s’apprête à entrer dans la cuisine.
THIERRY- Madame Planchu !
Mme PLANCHU- Oui ?
THIERRY- Merci.
Mme PLANCHU- Monsieur Arnaud, ne soyez pas trop inquiet, Madame Estelle, on va bien s’en occuper et si elle a perdu le nord, nous allons tous lui servir de boussole, c’est comme cela
qu’elle retrouvera le chemin. Elle sort.
THIERRY- Il va être temps que j’aille voir Estelle. J’espère simplement qu’elle ne va pas me congédier comme hier.
SOPHIE- Allons-y tous les deux, comme ça elle sera rassurée.
THIERRY- Excellente idée. Après vous, chère belle-sœur.


Ils sortent vers les chambres. Au bout de quelques instants, arrivée, par la porte d’entrée, d’Estelle. Elle traine derrière elle une poubelle jaune à roulette. Après l’avoir fait rouler
jusqu’au centre de la pièce, elle soulève le couvercle et commence à sortir bouteilles de plastique, cartons à pizzas et boites de conserve, elle les disposera dans toute la pièce, parfois en
les superposant comme des sculptures éphémères.
ESTELLE- (admirant ses réalisations) Comme c’est joli ! On dirait une sculpture !
Julien arrive par les chambres.
JULIEN- Bonjour Estelle... Ça va ?
ESTELLE- Bonjour Monsieur. Oui, ça va bien, et vous-même ?
JULIEN- Oui, oui, ça va mais... Qu’est-ce que tu fais ?
ESTELLE- C’est beau, vous ne trouvez pas ?
JULIEN- Euh... Oui, si tu veux... Mais... Tu sais Estelle, d’habitude, on ne met pas ce genre de poubelle dans un salon.

ESTELLE- Ah bon ? Pourquoi ?
JULIEN- Parce que c’est sale !
ESTELLE- Non ce n’est pas vrai, regardez ! Elle est propre. Je suis sûre qu’il y a des gens qui sont moins propres que ça.
JULIEN- Ce n’est peut-être pas faux mais il n’empêche...


On sonne avec insistance.
JULIEN- Attends ! Je vais ouvrir.
Il se dirige vers la porte d’entrée, l’ouvre pour faire passer Mme Chombier.
Mme CHOMBIER- Ma poubelle ! Où est ma poubelle ? Ah ! Elle est là ! (Apercevant les bouteilles, boites et cartons.) Qu’est-ce que c’est que ce bazar ? C’est vous qui avez fait ça,
Madame Arnaud ? Madame Arnaud ! Je vous parle !
Estelle ne répond pas. Dans sa bulle, elle admire la superposition qu’elle a réalisée avec des boites de conserves et des cartons à pizzas.
Mme CHOMBIER- Mais... Tout ça vient de chez moi ! Non seulement vous avez volé ma poubelle mais en plus, vous l’avez fouillée ? Vous n’êtes pas bien !
Elle commence à défaire les sculptures éphémères pour les remettre dans la poubelle.
ESTELLE- Mes sculptures ! Ne cassez pas mes sculptures !
Mme CHOMBIER- (tout en continuant à remplir sa poubelle.) Des sculptures ! Je t’en ficherai des sculptures !
ESTELLE- Pourquoi vous faites ça ? Ce n’est pas gentil !
Elle prend une bouteille de plastique et se met à taper sur Mme Chombier.
Mme CHOMBIER- Qu’est-ce qui vous prend... Arrêtez ! Vous êtes malade.
JULIEN- Estelle ! Je t’en prie ! Calme-toi !
Il cherche à l’arrêter et se prend à son tour des coups de bouteille.
Mme CHOMBIER- Il faut la faire soigner ! Elle est complétement maboul !
ESTELLE- Taisez-vous ! Vous êtes vilaine ! Hou la vilaine ! Va-t’en la vilaine !
Elle redonne des coups de bouteille tandis que Mme Chombier cherche à récupérer sa poubelle.

Mme CHOMBIER- Ma poubelle ! Rendez-moi ma poubelle !
Tandis qu’ Estelle, retenue par Julien cherche à retenir la poubelle, Mme Chombier tire de son côté en cherchant à se diriger vers la sortie. Arrivée par la porte d’entrée de Thierry.
THIERRY (s’adressant à l’extérieur)- Sophie ! Tu peux venir, elle est là ! (s’adressant aux autres) Eh bien ? Que se passe-t-il ?
Mme CHOMBIER- Ma poubelle ! Elle m’a volé ma poubelle. Vous savez, je vais prévenir les gendarmes !
THIERRY- Voyons Estelle ! Lâche cette poubelle, elle n’est pas à nous.
ESTELLE- Mes belles sculptures ! Elle a tout cassé ! Méchante !
Elle lâche la poubelle, recherche une bouteille ou un carton à pizza pour taper Mme Chombier,
Julien en profite pour la ceinturer.
THIERRY- Madame Chombier, vous devriez sortir sinon je n’arriverai pas à la calmer.
JULIEN- Je vous ramènerai votre poubelle, ne vous inquiétez pas.
Mme CHOMBIER- Violation de domicile, intrusion dans la vie privée et vol de poubelle. Ça ne va pas se passer comme ça... Vous allez le regretter ! C’est moi qui vous le dis...
THIERRY- Allez, c’est bon ! Maintenant vous vous cassez !
Mme CHOMBIER- Pardon ?
THIERRY- (hurlant) T’es sourde ou quoi ! Je viens de te dire de te barrer ! Dépêche-toi si tu ne veux pas finir la tête dans la poubelle. Ce n’est vraiment pas le moment de venir nous
empoisonner.
Mme CHOMBIER- Mais... Mais...
THIERRY- Il n’y a pas de mémé ! Allez ! On se casse !
SOPHIE- (à Mme Chombier) Sans vouloir vous commander, vous devriez y aller parce que là, il me semble que vous l’avez un peu énervé.
Julien qui, entretemps, a tout remis dans la poubelle, saisit la poignée.
JULIEN- Chère Madame, allez-y, je vous suis. Je sens que le camion-benne ne va pas tarder, je m’en voudrais de vous faire rater le ramassage.
Ils sortent.
ESTELLE- Ca y est ! Elle est partie, la méchante dame ?

THIERRY- Oui, tu n’as plus rien à craindre ma chérie.
ESTELLE- Oh ! C’est drôle que vous m’appeliez ma chérie. Cela me fait bizarre mais ça ne me dérange pas. Vous avez l’air gentil... Rappelez-moi votre nom ?
THIERRY- Je m’appelle Thierry et je suis ton mari.
ESTELLE- Mon mari ? Parce que je suis mariée ?
THIERRY- Oui, avec moi.
ESTELLE- Avec vous ? Oh ben ça alors ! Si nous sommes mariés, nous pouvons peut-être nous tutoyer ?
THIERRY- Bien sûr Estelle, avec plaisir !
ESTELLE- Ça me fait vraiment plaisir d’être mariée avec vous... Je veux dire, avec toi. Tu as l’air protecteur.
THIERRY- Ce matin, tu es sortie de ta chambre par la baie vitrée, n’est-ce pas ?
ESTELLE- La baie vitrée ? Je ne sais pas.
SOPHIE- Nous t’avons cherché dans tout le quartier, tu nous a fait peur. On croyait t’avoir perdue.
THIERRY- C’est comme cela que tu es arrivée devant la maison de la mère Chombier... Mais... Quelle idée saugrenue as-tu eue de lui piquer sa poubelle ?
ESTELLE- Sa poubelle ? Quelle poubelle ?
THIERRY- Ce n’est pas grave, laisse tomber... (désignant Sophie) Et elle ? Sais-tu qui est-ce ?
ESTELLE- Ah non... Je ne sais pas... Bonjour Madame ! (Elle lui tend la main.) Vous allez bien ?
SOPHIE- (fredonnant) Une chanson douce que me chantait ma maman.
ESTELLE- Je la connais ! Maman nous la chantait souvent à moi et à ma sœur.
SOPHIE- Tu t’en souviens ?
ESTELLE- Bien entendu. Et même que des fois, quand maman, après avoir chanté, refermait la porte, nous croyant endormies, ma sœur venait me rejoindre dans le lit et on mangeait du
chocolat en cachette. Qu’est-ce que c’était bien !
SOPHIE- Et cette sœur ? Tu t’en souviens de son nom ?

ESTELLE- Bien sûr que je m’en souviens! Elle s’appelait... Elle s’appelait...
On sonne à la porte d’entrée.
ESTELLE- La sonnette ! On sonne à la porte !
SOPHIE- Elle s’appelait comment ?
ESTELLE- La sonnette ! C’est la méchante qui revient ! Je me rappelle ! La méchante dame !
SOPHIE- Mais non, ce n’est pas la méchante dame... De toute façon, tu ne risques rien... Dis-moi plutôt le nom de ta sœur... Alors ? Comment s’appelait-elle ?
On sonne à nouveau.
ESTELLE- (paniquée) C’est la méchante ! C’est la vilaine qui revient !
THIERRY- Laisse tomber ! Tu vois bien qu’elle ne peut plus se concentrer. Je vais ouvrir mais si c’est encore un emmerdeur, ça ne va pas durer longtemps.
Il ouvre la porte. Arrivée de Chloé. Tenue de routarde, elle porte un sac à dos.
CHLOE- Bonjour, vous allez bien ? Si je ne me trompe pas, vous devez être Thierry, c’est cela ? On se fait la bise ?
Elle veut embrasser Thierry qui la repousse gentiment.
THIERRY- Attendez... Dites-moi d’abord... Qui êtes-vous ?
CHLOE- Moi, c’est Chloé... Je suis une collègue d’Estelle. Eh oui, moi aussi je fais partie de la grande famille de la presse écrite. (lyrique) « Au cœur de l’info, toujours plus fort, toujours plus
vite, la presse se presse, pour toi lecteur curieux, un seul impératif, toujours te satisfaire. »
THIERRY- Je suis passé plusieurs fois chercher Estelle au journal mais il ne me semble pas vous avoir déjà rencontré.
CHLOE- Normal ! Je suis correspondante à l’étranger. Un jour à Montréal, le lendemainà New-York, une vie de patachon, mais que voulez-vous, moi j’aime ça... Là, je reviens de
Californie et comme ça faisait un bail que je n’avais pas vu ma copine, j’ai décidé de passer lui faire un petit coucou. Vous avez l’air surpris... Estelle ne vous a rien dit ? Je lui ai pourtant
bigophoné hier. (À Estelle) Ben alors ma vieille ? On oublie de mettre au parfum son petit mari ?
(se dirigeant vers Sophie) Bonjour ! Moi, c’est Chloé.
SOPHIE- Sophie, enchantée.
CHLOE- Sophie, la frangine ! Depuis le temps que j’entends parler de vous. Vous allez bien ? (à Estelle) Et toi, ma nounoune, ça va ? Qu’est-ce que je suis contente de te revoir ! (Elle la serre dans ses bras.) Depuis le temps ! On va en avoir à se raconter !
ESTELLE- Bonjour Madame.
CHLOE- Comment ça, bonjour Madame ?
THIERRY- Chloé, il faut que je vous dise... Hier Estelle a eu un accident...
CHLOE- Ah bon ?
THIERRY- Et elle a perdu la mémoire.
SOPHIE- Depuis, elle ne reconnait plus personne.
CHLOE- Purée ! J’y crois pas ! Estelle, ma vieille, dis-moi que tu me reconnais ?
ESTELLE- Bonjour Madame !
CHLOE- C’est moi Chloé, ta meilleure pote ! Ne me dis pas que tu m’as oublié !
THIERRY- Si ça peut vous consoler, elle ne se souvient pas de moi, non, plus.
CHLOE- Non ! Vous déconnez ?
THIERRY- Si je vous le dis !
CHLOE- Je-n’y- crois-pas ! Ce n’est pas possible !
SOPHIE- Elle est tombée dans l’escalier, traumatisme crânien.
THIERRY- Néanmoins elle s’en sort bien, ça aurait pu être plus grave, n’est-ce pas ma chérie ?
ESTELLE- Oui Monsieur ? C’est à moi que vous parlez ?
THIERRY- Je disais... Ta chute dans l’escalier, ça aurait pu être plus grave.
ESTELLE- L’escalier ? Quel escalier ?
THIERRY- (à Chloé) Vous voyez.
CHLOE- Ah ouais ! Et d’après vous elle va rester perchée longtemps comme ça ?
THIERRY- Un jour, un mois, un an, on n’en sait rien mais les médecins semblaient confiants, alors espérons.
SOPHIE- Elle semble avoir conservé quelques souvenirs de son enfance... Avant que vous n’arriviez, elle me parlait de sa sœur...Dis-moi Estelle, tu t’en souviens de ta sœur, n’est-ce pas ?
ESTELLE- Ma sœur ? Quelle sœur ? Je n’ai pas de sœur ! Vous devez vous tromper.

SOPHIE- Bien sûr que si que tu as une sœur. Tout à l’heure, tu me disais te rappeler que vous mangiez du chocolat en cachette. Alors ? Elle s’appelle comment, ta sœur ?
ESTELLE- Je vous dis que je n’ai pas de sœur, si j’en avais une, je m’en souviendrais.
SOPHIE- Tu me l’as dit tout à l’heure... Tu te rappelles lorsque t’étais petite...
ESTELLE- C’est bon ! Je sais encore ce que je dis ! (à Thierry) Vous pourriez dire à votre femme d’arrêter parce que là, elle commence à me fatiguer, je vais finir par avoir mal à la tête !
THIERRY- (à Sophie) On a dit : Pas de contrariété, alors doucement ! D’accord ? Viens Estelle, tu vas venir te reposer un peu... Un peu de calme te fera le plus grand bien...
CHLOE- Moi, je ne vais pas vous déranger plus longtemps...Je vais essayer de trouver un petit hôtel dans le coin.
THIERRY- Non, Chloé, vous restez si vous le voulez bien. Lorsqu’Estelle ira mieux, elle sera certainement ravie de vous avoir à ses côtés, et peut être pourriez-vous ranimer quelques souvenirs.
CHLOE- Je ne voudrais pas déranger.
.THIERRY- La maison est suffisamment grande... Vous vous installerez dans la chambre rose.
CHLOE- Si c’est pour le bien de ma copine alors c’est d’accord.
Sortie d’Estelle et de Thierry vers les chambres.
SOPHIE- Ne pas se souvenir de sa propre sœur ! Vous avez vu ça ?
CHLOE- C’est sûr que ça doit vous faire un choc.
SOPHIE- Et pourtant... Avant que vous n’arriviez, j’ai cru déceler une lueur à l’évocation d’un souvenir de son enfance. Elle allait dire mon prénom lorsqu’elle a été surprise par votre coup de sonnette.
CHLOE- Mince alors ! Pas de bol ! Mauvais timing ! Je n’aurais pas dû arriver à ce moment-là.
SOPHIE- Vous ne pouviez pas deviner.
CHLOE- Quand j’y repense ! Ça fait mal de la voir dans cet état ma nounoune... Parce qu’il faut que je vous dise Estelle, c’est mon rayon de soleil, c’est mon arc en ciel... Estelle, c’est un
sourire sur pattes, c’est la bonne humeur réinventée tous les jours. Si vous saviez le nombre de fous-rires que nous avons partagés... Des folles, des vraies folles ! C’est ce que disaient les gens
en nous voyant... Qu’est-ce qu’on a pu se marrer.
SOPHIE- Et vous la connaissez depuis longtemps ?

CHLOE- On s’est connues à l’école de journalisme... Ça ne date pas d’aujourd’hui... Pendant des années nous étions inséparables, ensuite elle a connu son mari et moi je suis partie à
l’étranger mais nous sommes toujours restées en contact et encore maintenant, elle reste une super amie, alors oui, vous pouvez compter sur moi, ça prendra le temps qu’il faudra mais on va
lui faire retrouver la boule à notre Estelle.
SOPHIE- Bien parlé ! Ne nous décourageons pas ! Il faut rester optimiste.
Entrée de Julien par la porte d’entrée.
JULIEN- Ca y est ! Madame Chombier a récupéré sa poubelle mais, à l’entendre, elle va convoquer la gendarmerie, la police et l’armée pour nous faire expulser ! Ça nous promet de
belles réjouissances. (Apercevant Chloé) Ah ! Je vois que nous avons de la visite.
SOPHIE- C’est Chloé, une amie d’Estelle. Julien, mon mari.
CHLOE- Bonjour !
JULIEN- Bonjour Chloé. Vous avez vu Estelle ?
CHLOE- Ouais je l’ai vue... Pas fraiche, la copine, mais, en s’y mettant tous, on va bien finir par la remettre d’aplomb.
SOPHIE- Nous étions en train de nous dire que nous n’allions pas nous laisser abattre. Tiens Julien, si tu allais nous chercher quelque chose à boire, je prendrais bien un jus d’orange.
JULIEN- Et moi, une petite bière et pour vous Chloé ?
CHLOE- Une petite mousse ? Je ne dis pas non.
JULIEN- La bière, je sais où la trouver... Et cette fois ci, je ne vais pas demander à Estelle d’aller la chercher.
Il sort vers les appartements.
CHLOE- Pourquoi a-t-il dit cela ?
SOPHIE- Parce que c’est, précisément, en allant à la cave chercher une bière qu’Estelle est tombée.
En coulisse, on entend un grand cri suivi d’un bruit de chute.
SOPHIE- Mon Dieu ! Julien !
CHLOE- Que se passe-t-il ?
Elles sortent précipitamment pour aller secourir Julien. La porte de la cuisine s’entrouvre laissant apparaitre la tête de Mme Planchu.
Mme PLANCHU- C’est quoi encore que tout ce chambard ? Non ? Il n’y a rien ? Heureusement ! C’est que j’ai encore mes patates à éplucher, moi.
Elle rentre dans la cuisine tandis que reviennent Julien soutenu par Sophie et Chloé.
SOPHIE- Mais qui donc va se décider à changer cette fichue ampoule ? On y voit rien dans cet escalier, alors forcément...
CHLOE- Il a dû se prendre une sacrée gamelle... Ça va ? Rien de cassé ?
Julien la regarde en souriant niaisement.
SOPHIE- Julien ? Ça va ?
Julien se tourne vers Sophie et lui adresse le même sourire niais.
SOPHIE- Julien ! Réponds-moi !
JULIEN- (toujours niais) Bonjour Madame !
SOPHIE- Oh non ! Julien ! Tu me reconnais ? Comment je m’appelle ?
JULIEN- Je ne sais pas Madame... Rappelez-moi votre nom.
SOPHIE- Concentre toi et dis-le moi... Comment je m’appelle ?
JULIEN- Je ne sais pas Madame ... Peut-être Ginette ou Josiane. Josiane, ça vous va bien. Vous avez une tête à vous appeler Josiane.
CHLOE- Monsieur, regardez-moi ! Monsieur ! Pouvez-vous me dire quel jour nous sommes ?
JULIEN- Quel jour nous sommes.
CHLOE- Et bien dites le moi !
JULIEN- Dites-moi quoi ?
CHLOE- Dites-moi quel jour nous sommes.
JULIEN- Je viens de vous le dire : Quel jour nous sommes... (Chloé lève les yeux au ciel)
Qu’est-ce qu’il y a ? C’est vous qui m’avez dit de le dire.
SOPHIE- Julien ! Arrête de faire l’andouille ! Réponds ! Quel jour sommes-nous ? Tu as quel âge ?
JULIEN- On n’a pas tous les jours vingt ans et c’est bien dommage... mais c’est tous les jours dimanche lorsqu’on le veut... Et vous ? Le voulez-vous, Josiane ?
SOPHIE- Ce n’est pas vrai ! C’est un cauchemar !
JULIEN- Oui Josiane.
SOPHIE- Oh, mon Dieu ! Il ne manquait plus que ça !
Sophie se cache la tête dans ses mains. Julien réagit alors et quitte son air niais.
JULIEN- Sophie ! Tout va bien ! C’était pour rire !
SOPHIE- (le frappant avec ses deux poings) Pour rire ? Tu es complétement malade ! On ne fait pas des choses comme ça !
JULIEN- Arrête ! Arrête ! Pardon ! Aïe ! Mais arrête !
Sophie se lève, furieuse.
SOPHIE- Tu ne crois pas que j’ai assez de soucis comme ça ? Il faut encore que tu en rajoutes !
JULIEN- Oh, si on ne peut plus rigoler.
SOPHIE- Pourquoi ? Parce que toi, tu trouves ça drôle ? Nous ne devons pas avoir la même conception de l’humour.
CHLOE- On vous a retrouvé en bas de l’escalier, vous avez tout de même fait une sacrée chute ! Ça va ? Pas trop de bobos ?
JULIEN- Je ne sais pas si c’est la chute dans l’escalier ou les coups de poings que Sophie m’a donné mais c’est vrai que j’ai un peu mal aux côtes.
SOPHIE- Ne compte pas sur moi pour te plaindre.
JULIEN- Qu’est-ce que tu peux être rancunière... Avec tout ça, je n’ai même pas rapporté les boissons, j’y retourne.
SOPHIE- Non ! Tu ne bouges plus !
JULIEN- Mais... Pourquoi ?
CHLOE- Sophie a raison, restez tranquille... Je vous assure, moi personnellement, je n’ai plus soif.
JULIEN- Comme vous voulez.
CHLOE- Je vais plutôt aller m’installer. A plus tard !

Elle sort vers les chambres.
JULIEN- Tu m’en veux encore ?
SOPHIE- Bien sûr que je t’en veux. Tu crois que j’ai déjà oublié ? Et non ! Figure-toi que moi, je ne suis pas encore comme ma sœur, j’ai de la mémoire.
JULIEN- Ouf ! Me voilà rassuré.
SOPHIE- Rassuré ? Comment cela ?
JULIEN- Si tu m’en veux, c’est parce que tu as eu peur et si tu as eu peur c’est probablement parce que tu tiens à moi et si tu tiens à moi, c’est que tu m’aimes donc me voilà rassuré.
SOPHIE- (le regardant avec tendresse)- Espèce de grand imbécile ! C’est vrai que j’ai eu la trouille... (Puis plus sèche) Mais ne t’avise plus de me refaire un coup comme ça, c’est compris ?
On sonne à la porte d’entrée.
SOPHIE- Qu’est-ce que c’est encore ?
JULIEN- J’espère que ce n’est pas encore la vieille excitée qui revient.
SOPHIE- Ne bouge pas ! J’y vais !
Elle se dirige vers la porte, l’entrouvre.
SOPHIE- C’est pourquoi ?
BOB- Estelle Arnaud, c’est ici ?
SOPHIE- Oui mais on a besoin de rien.
BOB- Ca tombe bien, je n’ai rien à vendre... Estelle est là ?
SOPHIE- Qu’est-ce que vous lui voulez ?
BOB- Si vous me laissiez entrer, je pourrais peut-être vous l’expliquer.
SOPHIE- C’est bon, entrez !
Bob entre, apercevant Julien, il le salue.
BOB- Bonjour ! C’est vous le mari d’Estelle ?
JULIEN- Ah non... Remarquez... Vous n’étiez pas loin, je suis le mari de la sœur d’Estelle.
SOPHIE- Pourquoi toutes ces questions ? Et tout d’abord Monsieur, vous-même, vous êtes qui ?

BOB- Moi, c’est Bob. Je suis un vieil ami d’Estelle et comme je passais dans le quartier, je me suis dit que c’était l’occase de venir faire coucou à ma copine. Elle est là ?
SOPHIE- Elle est là mais actuellement elle ne reçoit pas de visite.
BOB- Moi, elle va me recevoir, je viens de vous expliquer que j’étais un vieil ami.
SOPHIE- Oui, mais là, vous tombez mal.
JULIEN- Vous tombez mal... Comme Estelle d’ailleurs... Elle aussi, on peut dire qu’elle est mal tombée.
BOB- Qu’est-ce que vous racontez ? J’entrave que dalle..
SOPHIE- Ma sœur a chuté dans l’escalier et est tombée sur la tête. .. Depuis, amnésie totale ! Elle ne reconnaît plus personne et a même une légère tendance à faire un peu n’importe quoi.
BOB- Non ? Et depuis quand ?
JULIEN- Hier après-midi. Pas de bol ! À un jour près, elle aurait pu vous reconnaitre, tandis que maintenant...
BOB- C’est une vraie histoire de oufs ! Si je comprends bien, vous êtes en train de m’expliquer que la frangine a de la mayonnaise dans le ciboulot, des trous dans la cafetière parce qu’elle s’est
vautrée dans un escalier ?
JULIEN- Tout à fait cher Monsieur, tout cela parce qu’elle a chu.
BOB- A chu ?
JULIEN- Oui, a chu, verbe choir... Chu (Il épèle) C-H-U. C’est d’ailleurs là qu’elle est allée après sa chute, au C-H-U, vous me suivez ?
BOB- J’sais pas trop ce que vous jactez mais j’préfère vous dire tout de suite que je n’aime pas trop qu’on se fiche de ma fiole.
SOPHIE- Personne ne se fiche de votre fiole comme vous dites mais comprenez Monsieur...
Venant de la chambre, entrée de Thierry.
THIERRY- Ca y est ! Elle commence à s’apaiser... Pour ne pas qu’elle reparte par la baie vitrée, j’ai préféré fermer les volets, c’est plus prudent. (Apercevant Bob) Tiens ! Bonjour ! Je ne pense
pas avoir le plaisir de vous connaitre.
BOB- Bonjour ! Laissez-moi deviner...Vous, vous êtes le mari, pas vrai ? Moi, c’est Bob, un ancien ami d’Estelle.

THIERRY- Un ancien ami d’Estelle ? C’est curieux, elle ne m’a jamais parlé de vous. C’est fou le nombre de vieilles connaissances que je découvre aujourd’hui... Bob dites-vous ? Non, je ne
crois pas.
BOB- Vous savez, c’était il y a longtemps... Je viens d’apprendre qu’elle s’était pris un sacré coup dans le carafon et il parait qu’elle a tout oublié.
THIERRY- Hélas oui ! Et je crains même qu’en plus d’avoir perdu la mémoire, elle n’ait aussi perdu la raison.
BOB- Vous voulez dire qu’elle perd la boule et qu’elle devient foldingue ?
THIERRY- Je ne l’aurais pas dit de cette manière mais oui, c’est à peu près ça. Maintenant que vous êtes là, attendez de la voir.... Vous me dites que vous êtes un vieil ami d’Estelle ? Vous
savez, nous faisons tout pour l’aider à raviver ses souvenirs, peut être que votre présence pourra éveiller un quelconque intérêt, ne le pensez-vous pas ?
BOB- Ben ouais !
THIERRY- En tous cas, on peut toujours essayer, n’est-ce pas ?
BOB- Ben ouais !
THIERRY- Merci mon vieux, c’est sympa d’accepter.
Entrée d’Estelle.
ESTELLE- Je déteste être dans le noir. Je n’arrive pas à ouvrir les volets... Quelle idée de les avoir fermés. (Apercevant Bob) Ah ! Tu es là, chéri ! Ta promenade s’est bien passée ? Eh bien,
Que se passe-t-il ? Tu as perdu ta langue ?
BOB- Ben non... Tu vas bien ?
ESTELLE- Evidemment que je vais bien.
THIERRY (à Bob)- J’ai rêvé ou elle vous a appelé chéri ?
BOB- Je ne sais pas, peut-être.
THIERRY- Ce n’est pas peut-être, c’est sûr... Elle vous a dit : chéri n’est-ce pas ?
BOB- C’est vous qui m’avez dit qu’elle « yoyotait du chapeau », non ? Alors, ne vous étonnez pas qu’elle m’appelle chéri, moi je trouve ça me va plutôt bien, chéri. (Il rit bêtement.)
ESTELLE- Mon chéri, excuse-moi de te le dire mais, je trouve que tu as mauvaise mine (Elle met ses bras autour du cou de Bob et l’embrasse tendrement.) Maintenant que je te tiens, tu vas
voir, je vais bien m’occuper de toi.

BOB- (à Thierry) Qu’est-ce que je fais ?
THIERRY- Ce n’est pas compliqué, vous enlevez ses bras de votre cou et vous vous reculez d’un mètre. Quand vous m’aviez dit que vous étiez un ami, je ne pensais pas que vous étiez aussi
intime.
Tandis que Bob se dégage, Estelle réalise la présence de tout le monde.
ESTELLE- Chéri ! Tu as encore ramené tes copains à la maison ! Il y en a marre ! On ne peut jamais être tranquille, tous les deux ! Tu sais, un jour, il va falloir que tu choisisses entre tes
copains et moi.
BOB- Attends un peu Estelle ! Tu vas voir, ils sont tous très gentils... Je vais te présenter... (À Thierry) C’est comment votre nom ?
ESTELLE- Et en plus, tu ne connais même pas leur nom ! J’en ai ras le bol que tu ramènes tous les jours des inconnus. Nous n’avons jamais d’intimité.
BOB- (désignant Sophie) Et elle ? La frangine ? Tu la connais. Regarde-la bien.
ESTELLE- Oh ! Tu m’énerves ! Reste avec tes amis si ça te chante, moi je vais manger au restau. Allez ! Ciao !
THIERRY- Estelle ! Attends-moi, je vais t’accompagner.
ESTELLLE- Pourquoi voulez-vous m’accompagner ?
THIERRY- Parce que je suis ton mari.
ESTELLE- N’importe quoi ! Alors Chéri, tu viens ?
BOB- (à Thierry) Bon, ben j’y vais.
THIERRY- Ne bougez pas ! Estelle, j’arrive !
ESTELLE- Vous, je ne vous ai rien demandé... Chéri ! Je ne vais pas attendre longtemps... Alors, que décides-tu ?
Elle se dirige vers la porte d’entrée.
SOPHIE- Thierry, à moins de l’enfermer ou de l’attacher, je ne vois pas comment tu peux empêcher Estelle de sortir, alors laisse Monsieur l’accompagner.
THIERRY- Tu entends ce que tu me dis ? Tu voudrais que je laisse ma femme avec un type qu’elle appelle chéri. Je veux bien être compréhensif mais il y a des limites.
JULIEN- A mon avis, tenter de la ramener maintenant ne servirait qu’à l’énerver davantage.

ESTELLE- Chéri, je compte jusqu’à trois. Si tu ne veux pas venir, tant pis pour toi !
THIERRY- Oui Estelle, j’arrive !
ESTELLE- Ce n’est pas à vous que je parle, vous, laissez-moi tranquille.
BOB- Finalement je vais y aller, ça me plait bien d’aller becter au restau, en plus on pourra causer, j’adore quand les dames me font la conversation.
THIERRY- Non restez là ! Je vous interdis d’y aller.
BOB- (Avance menaçant) Dis-donc, mon petit pote, tu ne chercherais pas à me donner des ordres en ce moment ?
THIERRY- (hésitant) Non, non... Je veux simplement vous dire que je préférerais que vous restiez là. Vous savez, elle est très fragile psychologiquement et il me semble que c’est prématuré
que de vouloir la sortir.
BOB- Pas la peine de flipper comme ça .Je veux juste savoir ce qu’elle a dans la tronche et si nous avons des souvenirs en commun mais ne t’inquiète pas ; si elle est aussi barjot que tu me le
dis, je te la ramènerai en bon état.
THIERRY- (à Sophie) Sophie, tu ne veux pas les accompagner ?
SOPHIE- Elle ne va jamais vouloir.
THIERRY- Essaie, tu verras bien.
SOPHIE- Estelle ? Que dirais-tu si je venais avec vous au restaurant ?
ESTELLE- Vous pensez peut être que je vais aller au restaurant avec des gens que je ne connais pas ? Je ne voudrais pas être désagréable mais j’ai l’impression que vous êtes tombée sur la tête
pour me demander des trucs pareils !
(Elle sort.)
BOB- J’y vais aussi. Je ne vais pas laisser la dame toute seule, pas vrai ?
THIERRY- Puisqu’il faut bien que quelqu’un y aille, allez-y ! Amenez-la au restaurant, ne cherchez pas à la contrarier et ensuite revenez tranquillement par ici (Il sort une carte de visite de
sa poche) Tenez ! Mon numéro de portable, au cas où... Mais attention ! N’oubliez pas que son mari, c’est moi. Compris ?
BOB- T’inquiète mon pote. A plus tard !
Il sort à son tour.

THIERRY- Je ne le sens pas du tout ce type, il a l’air louche... J’ai bien envie de les suivre et d’appeler la police.
JULIEN- Pour leur dire quoi ? Que ta femme est partie au restaurant avec un ami ? Ils vont te rire au nez, tu ne crois pas ?
THIERRY- Mais alors ? Que faire !
Irruption de Chloé, venant des chambres.
CHLOE- J’étais derrière la porte, j’ai tout entendu... Le type ne me connait pas, je vais pouvoir les suivre sans me faire repérer. Pas de souci, je gère !
THIERRY- Ne la perdez pas de vue, dépêchez-vous ! (ressortant une carte de visite de sa poche) Tenez ! Mon numéro de portable ! Au moindre problème, vous appelez !
Chloé sort en courant.
JULIEN- (à Thierry) Allons Thierry, ne fais pas cette tête-là. Si ça peut te consoler, sois sûr qu’Estelle ne va pas dépenser l’argent du ménage, comme elle ne se souvient certainement pas du
code bancaire de sa carte, c’est forcément Bob qui va payer. THIERRY- Je ne sais pas si Bob pensera à lui offrir l’apéritif mais en attendant, je peux vous
l’avouer, j’en connais déjà un qui trinque.
Sophie et Julien viennent entourer Thierry pour lui manifester des gestes d’attention.

NOIR ou Rideau. Fin de l’acte 2